Scénarisée par Aurélien Ducoudray,
scénariste, entre autres, chez Futuropolis, de docu-fictions, Young,
Clichés de Bosnie, Mobutu dans l'espace, et
mise en images par Mélanie Allag, une illustratrice jeunesse chez
Milan ou Bayard, qui signe là sa première BD, L'anniversaire
de Kim Jong-Il, n'est pas, vous
vous en doutez bien, le
compte-rendu jovial d'une méga-teuf. Il y a même fort à parier que
vous laisserez quelques larmes en chemin.
C'est
l'histoire d'une famille de Corée du Nord qui subit une dictature
qui siège suffisamment loin de nous pour qu'on la croit d'un autre
âge. Elle subit et vit (au rythme de) la propagande du régime,
s'attachant à ne pas se faire remarquer. Jun Sang, le petit garçon,
8 ans au début de l'histoire, est un petit écolier modèle, né le
même jour que l'Étoile
Brillante du Mont Paektu, le Dirigeant Mondial du XXIe siècle, le
Commandant Invaincu à la Volonté de Fer, c'est-à
-dire Kim Jong-Il, leur Père Bien-Aimé. Jun
Sang vénère Ri Su Bok, le héros de la guerre de Corée, et est
prêt a devenir soldat pour combattre les fantoches du sud et chiens
américains. Seulement dans ce monde parfait au destin tout tracé,
vient se glisser un petit grain de riz, plusieurs même, mais pas
assez. La foi de notre petit écolier est ébranlée quand il apprend
que ses grands-parents et son père sont coréens du sud. Quand Kim
Jong-Il meurt, la famine qui couve éclate et ravage le pays. La
fuite devient la suite logique du récit. Vers la Chine... mais la
route sera longue et semée de drames.
Les
deux auteurs à la plume et au crayon n'éludent rien, ni la
violence, ni l'horreur et pourtant grâce à la narration à hauteur
d'enfant, grâce au coup de crayon ou bien à l'art de l'estompe de
la dessinatrice, il demeure une forme légère, une ironie
douce-amère, la lueur propre à l'espoir. C'est touché qu'on quitte
l'enfant devenu grand, plus grand que n'importe quel Kim Jong-Il.
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