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vendredi 7 octobre 2016

L'anniversaire de Kim Jong-Il, Ducoudray et Allag, Delcourt, 17,95 €


Scénarisée par Aurélien Ducoudray, scénariste, entre autres, chez Futuropolis, de docu-fictions, Young, Clichés de Bosnie, Mobutu dans l'espace, et mise en images par Mélanie Allag, une illustratrice jeunesse chez Milan ou Bayard, qui signe là sa première BD, L'anniversaire de Kim Jong-Il, n'est pas, vous vous en doutez bien, le compte-rendu jovial d'une méga-teuf. Il y a même fort à parier que vous laisserez quelques larmes en chemin.

C'est l'histoire d'une famille de Corée du Nord qui subit une dictature qui siège suffisamment loin de nous pour qu'on la croit d'un autre âge. Elle subit et vit (au rythme de) la propagande du régime, s'attachant à ne pas se faire remarquer. Jun Sang, le petit garçon, 8 ans au début de l'histoire, est un petit écolier modèle, né le même jour que l'Étoile Brillante du Mont Paektu, le Dirigeant Mondial du XXIe siècle, le Commandant Invaincu à la Volonté de Fer, c'est-à -dire Kim Jong-Il, leur Père Bien-Aimé. Jun Sang vénère Ri Su Bok, le héros de la guerre de Corée, et est prêt a devenir soldat pour combattre les fantoches du sud et chiens américains. Seulement dans ce monde parfait au destin tout tracé, vient se glisser un petit grain de riz, plusieurs même, mais pas assez. La foi de notre petit écolier est ébranlée quand il apprend que ses grands-parents et son père sont coréens du sud. Quand Kim Jong-Il meurt, la famine qui couve éclate et ravage le pays. La fuite devient la suite logique du récit. Vers la Chine... mais la route sera longue et semée de drames.

Les deux auteurs à la plume et au crayon n'éludent rien, ni la violence, ni l'horreur et pourtant grâce à la narration à hauteur d'enfant, grâce au coup de crayon ou bien à l'art de l'estompe de la dessinatrice, il demeure une forme légère, une ironie douce-amère, la lueur propre à l'espoir. C'est touché qu'on quitte l'enfant devenu grand, plus grand que n'importe quel Kim Jong-Il.

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